Aujourd’hui, un petit sujet bien épineux comme il faut. Sur un site dédié du Sénat : pétition Sénat, dont je ne savais pas que ça existait. Du coup, voilà un outil supplémentaire pour la vie citoyenne ! Des gens ont déposé une pétition demandant la création d’une commission d’enquête sénatoriale sur les effets secondaires des vaccins COVID-19. Ils ont été entendus et la chambre sociale du Sénat a saisi l’OPESCT (Office Parlementaire des choix scientifiques et technologiques) pour diligenter cette enquête. Chose qu’elle a faite, il y a eu une partie privée, les auditions étaient à huis clos. Et une partie publique, diffusée sur le site du Sénat.
Ont participé les représentants du dispositif de pharmacovigilance, donc les agences nationales de la santé du médicament et tout un tas de choses comme ça.
Et de l’autre côté des représentants de la société civile, mais tous compétents dans leur domaine, des docteurs en pharmacie, en médecine et aussi en droit de la santé publique. Du côté, pour ne pas les opposer, de la pharmacovigilance, on tenait à peu près ce langage:
Mais il a, au cours des 18 derniers mois, interagi sans cesse à la fois avec les autorités gouvernementales, les agences dont l’ANSM, de la transparence absolument complète. De la transmission des informations en particulier sur les questions de sécurité, même si ça a coûté du temps en temps, et prenons un exemple tout à fait clair : la transparence s’est manifestée par le fait que, très tôt, dans les premiers jours des premiers essais cliniques, on a su qu’il y avait un risque faible de l’ordre de 1 pour 1000 de choc anaphylactique. Avec les vaccins ARN, ça a été su tout de suite. Deuxième point concerne, c’est le plus tragique, les accidents thromboemboliques avec le vaccin AstraZeneca. L’alerte a été déclenchée à l’échelle européenne alors qu’il y avait encore un nombre de cas extrêmement limité. La France en particulier a fait un travail, je pense, exhaustif vu la gravité de ces pathologies, pour enregistrer les cas. De mémoire, je crois qu’il y a une quarantaine de cas. Ceci a été rendu public immédiatement, presque en flux continu, ce qu’il fallait faire, mais la conséquence de cela, malheureusement, au moins en France, c’est que le public a perdu confiance dans le vaccin en question qui est le vaccin AstraZeneca. Et le vaccin Janssen dans une certaine mesure. À un moment où on n’avait pas encore assez de doses de vaccin ARN pour vacciner toute la population. Et donc il y a eu un contre-effet négatif, mais qu’il faut assumer, d’une transparence, qui ne peut pas être plus complète que ce qui a été fait.
Pendant que de l’autre côté, côté société civile, on tenait plutôt ce langage:
En pharmaco-épidémiologie, je n’ai pas de critique majeure à formuler et au contraire je trouve que le travail a été fait pour le recueil de l’information, ça, ça a été précisé tout à l’heure pour son analyse pour la mise à disposition des données. Aussi, ce qui est une grande nouveauté à une telle échelle et ceci en France comme à l’international. Donc une critique ça peut être une critique négative mais une critique positive, là elle sera plutôt positive et je tiens plutôt à féliciter les équipes mobilisées dans ces travaux et je sais d’expérience comme c’est lourd. Pour moi, ce qui pose problème et là ça sera peut-être le côté négatif de la critique, ce ne sont pas tellement les données mais la façon dont elles ont été utilisées ou non utilisées en termes de politique publique. Et les communications qui ont pu être faites autour de ces données et pour le dire de façon très claire : pour moi, la communication sur les effets indésirables n’a pas été loyale. Et là je reprends un terme de l’éthique en santé, c’est-à-dire qu’elle ne permettait pas un consentement libre et éclairé comme l’exige le code de la santé publique. Et cette communication était inadaptée.
En réalité et la situation était déjà pas trop mal tendue jusqu’au moment où est intervenu le docteur Umlile qui a mis le feu aux poudres avec cette phrase:
Deux nouvelles informations qui sont publiées le 26 avril 2022, COVID-19 communication pour le bon usage des vaccins et des médicaments indiqués dans la COVID-19. Avec une première partie bon : usage des vaccins et des médicaments indiqués dans la COVID-19, mise en place d’une communication non promotionnelle à destination des professionnels de santé. Et là, on apprend, on lit, l’évolutivité permanente et rapide de la stratégie vaccinale et thérapeutique ainsi que des données de sécurité et de bon usage sont incompatibles avec l’obligation de diffuser auprès des professionnels de santé une information exacte et à jour.
De là, toute l’audition s’est transformée en match de catch et ça a été mouvementé. Vu qu’il y a un support enregistré, je t’invite à aller voir par toi-même. S’il te plaît, quand on dit des choses, s’il y a moyen de vérifier, fais-le. Si tu as le temps et s’il y a moyen de le faire, s’il y a un moyen matériel de le faire, fais-le. Va vérifier, regarde, fais-toi ta propre opinion.
On ne va pas déterminer qui avait tort, qui avait raison, parce que d’un côté ils disent « on a fait tout ce qu’on a pu, on a été honnête » de l’autre côté ils ont dit euh « ouais mais pas que, c’est tendancieux et on devrait en parler il y a des choses qu’on n’a pas dites et que c’est pas très normal ». On ne va pas les mettre d’accord aujourd’hui, on ne va pas trancher non plus et ce n’est pas le but.
Le but de la manœuvre c’est que les débats ont eu lieu, les intervenants ont dit ce qu’il y avait à dire et il va y avoir un rapport qui va sortir. Pour l’instant, il y a un pré-rapport, un rapport qui dit à peu près ceci:
L’adoption d’un discours de vérité par les autorités en accord avec les avis émis par les agences sanitaires était nécessaire pour éviter que tout interstice entre les recommandations nationales et l’état des perspectives scientifiques soit investi par les désinformateurs, dans un contexte où à la fois l’agent pathogène et le vaccin sont relativement nouveaux. Cela implique également de ne pas trop s’avancer sur les connaissances à moyen et long terme, en témoigne la déception suscitée par l’efficacité, finalement modeste, des vaccins sur la transmission du virus, notamment les variants les plus récents. Alors qu’atteindre une immunité collective était l’un des objectifs mis en avant pour promouvoir la vaccination.
Il rajoute même:
La confiance ne peut se construire que si l’on reconnaît que certaines personnes souffrent d’effets indésirables, qui pour une partie d’entre elles se trouvent marginalisées, parfois en situation d’errance médicale.
Et pour cause, parce qu’on leur dit : ben on sait pas pourquoi vous avez ça…
Il y a eu une rencontre qui a eu lieu, effectivement ils ont parlé librement, il va y avoir des choses qui vont être reconnues et des voix qui ont été entendues.
Mais par contre, la version « ils ont fait tout ce qu’il fallait », ça s’est maintenu.
Mais il y a des effets secondaires même marginaux. Tout du long, ça a été le problème de la balance bénéfice-risque, c’était positif malgré tout. Même en reconnaissant des effets secondaires qui ont mis longtemps à être admis et ça a été très compliqué, la balance bénéfice-risque reste positive pour la pharmacovigilance.
On refera un point au niveau du rapport final et on en reparlera donc de ce qui est reconnu, de ce qui ne l’est pas, par l’état de la science et par les organismes gouvernementaux.