La réforme des retraites en France est un sujet d’actualité brûlant, notamment en raison du système de retraite par répartition. Dans ce système, les cotisations des actifs financent les pensions des retraités actuels. Cependant, avec le vieillissement de la population et une espérance de vie en hausse, ce mécanisme rencontre des difficultés croissantes. Depuis sa création en 1945, le système a connu plusieurs réformes majeures, et la première d’entre toutes, celle qui, même d’inspiration socialiste, a surtout marqué le tournant social-libéral du parti historique. Je veux parler de la réforme de Mitterrand en 1982, qui a abaissé l’âge de la retraite de 65 à 60 ans. Elle a également introduit la retraite à taux plein après 37,5 années de cotisations. Cette réforme visait à réduire le chômage en permettant aux travailleurs plus âgés de partir plus tôt et à promouvoir une meilleure répartition du travail. Puis sont passées la réforme Balladur en 1993, la réforme Fillon en 2003 (gouvernement Raffarin), la réforme Woerth en 2010 (gouvernement Fillon), et la réforme Touraine en 2014 (gouvernement Valls). En 2023, la dernière réforme a été adoptée sous le gouvernement d’Élisabeth Borne, utilisant l’article 49.3 de la Constitution, permettant l’adoption sans vote parlementaire. Non seulement le sujet est âprement discuté, mais cette méthode autoritaire incite d’autant plus au désir d’abroger cette dernière réforme, ce qui en fait un sujet d’honneur en période d’élection. Le NFP, de ce fait, prend l’engagement d’honneur de réformer cette réforme! Sauf à ce que nous soyons dans un « Truman Show » et qu’on nous « aurait menti à l’insu de notre plein gré« , le système a besoin d’être adapté à la réalité de la société. Mais comment faire pour trouver une méthode qui ne demande pas des réformes douloureuses tous les 5 ans?
La Nécessité De La Réforme
Pour maintenir les systèmes par répartition, il faut bien entendu tenir compte de la démographie et des organismes comme le COR savent dès aujourd’hui vers quoi nous tendons.
Le Paramètre Démographique
Le vieillissement de la population est connu et reconnu depuis au moins 1989. Avec une espérance de vie en augmentation et une baisse, constatée depuis belle lurette, de la natalité, le rapport entre actifs et retraités se déséquilibre. Ce qui n’a pas manqué de faire la comparaison avec la situation du Tiers État lors du bicentenaire de la Révolution (ça ne te rajeunit pas ?). Cela met une pression évidente sur le système de retraite par répartition. C’est l’argument sans cesse présenté à l’appui des différentes réformes post-mitterrandiennes. Il faut donc augmenter l’âge de départ pour compenser les pertes, là est la solution. En 2016, sous la présidence Hollande, on nous a assuré que l’équilibre était atteint jusqu’en 2030. Malheureusement, aujourd’hui, le COR nous dit que les déficits iront grandissant dès l’année prochaine.
Les Équilibres Financiers
La viabilité financière du système de retraite par répartition est en jeu. À court terme, les caisses restent bénéficiaires par le fait du récent rehaussement de l’âge de départ (réforme Borne). Mais à long terme, le déficit s’installe durablement. Cela représenterait 0,8 % du PIB en 2070. Paradoxalement, si les dépenses reculent de 13,4 % du PIB en 2023 à 13,2 % en 2070, les ressources diminuent plus encore! Allant de 13,6 % du PIB en 2023 jusqu’à 12,4 % en 2070.
Tout en sachant que pour valider un trimestre d’assurance retraite en 2023, il faut avoir cotisé sur la base de 150 fois le SMIC horaire brut en vigueur au 1er janvier. Heureusement, il existe aussi pour les personnes qui ont peu travaillé des options comme l’Assurance Vieillesse des Parents au Foyer (AVPF) où la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) cotise à leur place, à hauteur du SMIC ou d’une fraction de celui-ci.
Désormais, il faudrait objectiver un financement qui assure une stabilité dans le temps.
Trente Ans De Réforme
Drôle d’anniversaire que celui-là. En 2023, cela faisait trente ans que tous les gouvernements successifs ont eu à se poser la question du financement de la retraite et mettre en œuvre des réformes. Systématiquement dans la douleur, cela nous emmène à nous demander si une solution sera un jour trouvée.
Les Conséquences Sociales
Le report de l’âge de la retraite, évidemment, suscite des inquiétudes parmi les travailleurs. Les professions pénibles, où l’espérance de vie en bonne santé est plus courte, sont particulièrement concernées. La réforme doit donc intégrer des mécanismes de compensation pour ces métiers, afin de garantir une justice sociale et de ne pas pénaliser les plus vulnérables. Si cela a été le cas en intégrant la notion de pénibilité, la notion semble sombrer lentement dans la désuétude par réduction régulière de sa surface d’application et du faible taux de gain qu’elle offre.
Même si en république on a le « droit au travail et le devoir d’en chercher un », on ne peut passer l’entière intégralité de sa vie à travailler. En France du moins, les citoyens ne veulent pas sacrifier leur existence à gagner de l’argent. À plus forte raison si c’est pour recouvrer une dette irrécouvrable et n’offrant plus aucune sécurité sur le long terme.
La Confiance Dans La Politique Du Gouvernement
Pour toutes les raisons sus-citées, la réforme des retraites est un sujet hautement polémique. Les syndicats ainsi que les travailleurs de tous niveaux sociaux et professionnels craignent une détérioration des conditions de vie des retraités et s’imaginent déjà voir le système péricliter. Les partis politiques ont des visions divergentes sur la manière de réformer le système. Pourtant, cela semble être un exercice purement comptable. Alors, la difficile résolution de ce problème est-elle due à un enfermement idéologique des uns et des autres ou à la réelle impossibilité du système de répartition à répondre aux besoins des futurs retraités?
Loin de toute polémique de parti, les citoyens aujourd’hui veulent une réponse objective à cette question et appellent de leurs vœux des solutions qui ne demanderont pas à être révisées tous les cinq ans. La politique en est-elle seulement capable? Capable d’imaginer des solutions pérennes en tenant compte de l’état de santé de tout un chacun et en autorisant les financements privés s’il le faut, tout en veillant à ce qu’ils ne deviennent pas source d’injustice sociale.